Œuvre pleine des résonances des discours de l'Antiquité classique, le "Discours de la servitude volontaire" fait écho aux luttes politico-religieuses intestines du milieu du 16e siècle mais c'est avant tout une prise de position contre les tyrans et la tyrannie sous toutes ses formes. Inspiré par la passion antique pour la liberté, la thèse principale de La Boétie est de montrer que tout pouvoir a un caractère arbitraire et que la servitude des peuples est due d'abord à leur propre ignorance et à leur manque de volonté de retrouver la liberté naturelle à l'homme. Selon lui, si le peuple se contentait ne serait-ce que d'un refus passif du pouvoir, celui-ci tomberait, mais en réalité une grande partie préfère les petites faveurs et privilèges octroyés par le pouvoir plutôt que son droit à la liberté. La Boétie assure cependant que la patience des peuples n'est pas sans limite et que passée cette limite, le refus et la révolte deviennent légitimes. Le "Discours de la servitude volontaire" a constitué et constitue encore un texte de référence pour de nombreux mouvements de contestation politique et de désobéissance civile. Il resurgit contre les pouvoirs en place à chaque époque troublée: au 16e siècle par l'opposition calviniste à la monarchie catholique puis par l'opposition catholique à Henri IV, en 1789 par la contestation révolutionnaire de Marat d'abord puis du cercle de Babeuf, sous la Restauration, à la fin du 18e, au 19e par Lamennais qui le réédite contre la monarchie de Juillet, au début du 20e par l'anarchiste Gustav Landauer, pendant la Seconde Guerre mondiale sous le titre d'"Anti-Dictator", récemment encore, pendant l'épidémie de Covid-19, contre la tyrannie des autorités sanitaires. Cette édition contient la version originale du texte en ancien français et une version transcrite en français contemporain, ainsi qu’un Mémoire sur l’Édit de janvier 1562, une lettre de Montaigne et une biographie d’Étienne de La Boétie.