Longtemps considéré comme un apôtre de la désobéissance civile en raison de son célèbre essai politique intitulé "La Désobéissance civile", Henry David Thoreau est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands auteurs américains du XIXe siècle. Vivant à Concord (Massachussets), paisible bourgade dont Ralph Waldo Emerson allait faire un centre culturel important, il devient très vite l’ami et le disciple du philosophe qui encourage sa vocation littéraire. Comme lui, il s’inscrit dans le courant de pensée qui porte le nom de «transcendantalisme» et qui se caractérise par une fusion spéculative de l’éthique et de la religion. Toutefois peu enclin à s’engager dans une profession, il se contente d’être le factotum d’Emerson tout en passant des journées entières à observer la nature. Le 4 juillet 1845, il s’installe au bord du petit lac de Walden, non loin de Concord. Il y passe deux ans et deux mois, dans une cabane qu’il a construite lui-même, se consacrant aux promenades, à l’observation, à la lecture et à l’écriture. Un livre naît de cette retraite, "Walden ou La vie dans les bois", son chef-d’oeuvre publié après de nombreuses révisions en 1854. Il y consigne ses réflexions et ses observations, en philosophe, en naturaliste, en essayiste politique, en poète, voire en mystique. "Walden ou La vie dans les bois" reste aujourd’hui l’un des ouvrages de référence de la contre-culture et de la pensée libertaire et écologiste. Lorsqu’il meurt à l’âge de quarante-quatre ans, en 1862, Henry David Thoreau laisse une œuvre à son image, multiple et inclassable, qui influencera entre autres le Mahatma Gandhi et Martin Luther King. Sa modernité ne cesse de s’imposer à notre temps.