Or ils ont aussi des incidences négatives, liées aux activités et pratiques non durables actuelles, qui contribuent au changement climatique, à la dégradation des ressources naturelles et à l’inaccessibilité économique d’une alimentation saine. Il est difficile de remédier à ces incidences négatives car les individus, les entreprises, les gouvernements et les autres parties prenantes, lorsqu’ils prennent des décisions au quotidien, n’ont pas une vue complète de l’impact de leurs activités sur la durabilité économique, sociale et environnementale. Dans l’édition 2023 de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture nous examinons le coût véritable des aliments, avec en ligne de mire l’instauration de systèmes agroalimentaires durables. Le rapport introduit la notion de coûts et d’avantages environnementaux, sociaux et sanitaires cachés des systèmes agroalimentaires et propose une approche – la comptabilisation du coût complet (l’approche CCC) – pour évaluer les coûts cachés. L’approche CCC s’inscrit dans un processus d’évaluation en deux phases qui comporte, dans un premier temps, des évaluations au niveau national fondées sur la comptabilisation du coût complet, dont le but est de sensibiliser, et dans un deuxième temps, des évaluations ciblées approfondies, dont le but est de hiérarchiser les solutions et de guider les mesures de transformation. La présente édition contient une première tentative d’évaluation au niveau national, réalisée pour 154 pays, d’où il ressort que les coûts cachés des systèmes agroalimentaires s’élèveraient, au niveau mondial, à 10000 milliards d’USD au moins, en parité de pouvoir d’achat (PPA) de 2020. D’après les estimations, les pays à faible revenu sont ceux pour qui les coûts cachés des systèmes agroalimentaires représentent la charge la plus lourde par rapport au revenu national. Certes, ces estimations sont encore préliminaires, mais l’analyse montre bien qu’il est urgent de prendre en considération les coûts cachés dans les processus décisionnels, afin de transformer les systèmes agroalimentaires. Pour appliquer plus largement l’approche CCC il faudra innover dans la recherche et les données, et investir dans la collecte de données et le renforcement des capacités, en particulier dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, afin que cette approche devienne un outil viable qui puisse être utilisé de manière transparente et cohérente pour la prise de décision et l’élaboration des politiques.