En 1910, pour la première fois dans l'histoire du Tour de France, les coureurs s'élançaient à l'assaut de la haute montagne. Redouté, le massif pyrénéen a fortement contribué à forger la légende de la Grand Boucle.
Il y a les pro-Alpes et les pro-Pyrénées, comme il y a les chasseurs et les pêcheurs, les amateurs de chats et les amoureux des chiens. Il y a ceux qui trouvent les Alpes grandioses mais vendues au tourisme de masse, les Pyrénées étriquées mais demeurées souvent dans leur jus. Ce sont là appréciations de suiveurs. Les coureurs, en général, jettent tous les cols ensemble dans leur sac à douleurs. À chacun ses classiques. À l'Alpe-d'Huez et Morzine, les Pyrénées opposent Pau-Luchon et son enchaînement de quatre cols -Aubisque, Tourmalet, Aspin et Peyresourde- baptisé « cercle de la mort » par les chroniqueurs du début du XXe siècle alors qu'il s'agit bel et bien d'un alignement peu circulaire entre Béarn, Bigorre et Haute-Garonne, susceptible d'être emprunté en sens inverse ou avec quelques variantes. Il faut toutefois se garder de réduire les Pyrénées cyclistes à ce célèbre quatuor.
L'Ariège a aussi ses petits cols vicieux comme la Core ou plus encore le port de Pailhères. Le Béarn présente Marie-Blanque et le Soudet; le Pays basque avance le Burdincurutcheta, le Languedoc-Roussillon, le Jau et le Puymorens; la Haute-Garonne, le Menté fatal à Luis Ocaria et le Portet-d'Aspet mortel à Fabio Casartelli.
Dans ce florilège, une place particulière doit être laissée aux stations de sommet. Superbagnères a ouvert la série d'arrivées en altitude en 1961. Puis d'autres ont suivi la tendance : La Mongie en 1970, Font-Romeu en 1973, puis le Pla-d'Adet en 1974, Guzet Neige en 1984, Luz-Ardiden en 1985, mais aussi Cauterets Cambasque, Andorre Arcalis, Piau-Engaly, Lourdes Hautacam et le plateau de Beille, cul-de-sac au milieu de nulle part marqué par les années Armstrong. Toutes ont acquis grâce au Tour une notoriété touristique qu'elles n'auraient jamais obtenue autrement, tout en désignant d'authentiques champions.
Ce livre numérique réalisé par la rédaction du quotidien régional Sud Ouest propose la réédition de 12 articles initialement publiés en 2010. Ils retracent l'histoire de la légende cycliste pyrénéenne autour d'anecdotes sportives et cyclistes où se mêlent souvent les plus grandes joies et de terribles douleurs.