Tout le monde connaît Antigone, jeune fille intrépide attachée aux valeurs familiales, l'ensevelisseuse qui incarne les lois non écrites et le droit du sang, l'obstinée, la résistante, celle qui dit non au pouvoir établi. Ou plutôt, tout le monde croit la connaître. Car il y a des Antigones — pour reprendre la formule de George Steiner - multiples et paradoxales. Reflet de cette figure complexe, la littérature occidentale offre, depuis Sophocle, une multitude de versions, traductions et interprétations, penchant, tour à tour, pour une vision chrétienne, politique, féministe, psychanalytique... Prêtresse de l'amour pur, mais d'un amour extrême, presque absurde, Antigone est aussi la figure de la démesure et de la transgression, à la fois (trop) innocente et (pas assez) coupable. À cette folie de la démesure, la danse contemporaine de Mathilde Monnier donne corps et mouvement. Le désir absolu et mortifère — proche à s'y méprendre du désir de l'hystérique — et la faute tragique d'Antigone ne se résolvent que dans la mort. Une lumière d'Antigone, adaptée au monde mouvant d'aujourd'hui, nous souffle Henry Bauchau. Mais la lumière Antigone est parfois une lumière noire...