Existe-t-il des moyens de rendre les Juifs plus heureux et plus utiles en France ? Tel est le sujet du concours organisé par l'Académie de Metz en 1787. Quelques années plus tard, par un acte sans précédent dans le monde, la Révolution française émancipe les 40 000 Juifs de France. Elle fait d'eux les égaux des autres Français. Mais, qui sont-ils au juste ? […] Les décrets infâmes de 1808, contiennent des mesures discriminatoires, qui ne seront abolies qu'en 1818. Mais l'organisation nationale et locale du culte, reposant sur les consistoires, demeurera. La première moitié du XIXe siècle voit disparaître les dernières inégalités juridiques. La population juive s'urbanise peu à peu. C'est de la Monarchie de Juillet et du Second Empire que date véritablement l'intégration des Juifs de France à la société et à la vie politique nationales. Cette assimilation se fait sans conflit : attachés à la Révolution française, patriotes, les Juifs de France restent fidèles à leur culture et aux valeurs du judaïsme. Lorsqu'en 1860, l'Alliance israélite universelle est fondée à Paris, la régénération et l'émancipation accomplies en France, deviennent plus qu'un objectif à atteindre à l'étranger : un modèle. Patrick Girard analyse de près ce que furent, de la Révolution à 1860, les mutations de la société juive de France. À l'aide de la presse et des documents d'époque, il fait revivre les débats animés qui opposent alors partisans et adversaires de l'émancipation, libéraux et orthodoxes, rabbins et laïcs. Il montre comment les valeurs de la communauté juive de France, furent définies en fonction de celles de la société environnante. Cette histoire de l'itinéraire qui a mené les Juifs de France de l'émancipation à l'égalité, est aussi celle d'une certaine forme d'assimilation. En ce sens, le livre de Patrick Girard permet de mieux réfléchir aux transformations récentes du judaïsme français.