AUCUN Père de l’Eglise n’a réalisé plus complètement que saint Jérôme le type du savant. Ce que les siècles chrétiens ont Je plus admiré en lui, ce n’est ni sa vigueur de polémiste, ni sa logique de dialecticien, ni son art d’épistolier : c’est sa science. Elle a frappé d’étonnement ses contemporains et elle est demeurée le trait caractéristique de sa physionomie pour les âges suivants.
Il est l’homme qui, dès sa prime jeunesse, se constitue à grands frais et à grand’peine une bibliothèque, devenue plus tard magnifique ; qui, au risque de se donner l’air d’un agité, passe plus de la moitié de sa vie en voyages : en 353, à Rome, puis à Trèves, puis à Aquilée ; en 374, à Antioche, dans le désert de Chalcis ; en 381, à Constantinople ; de 382 à 385, à Rome encore ; en 385, de nouveau à Antioche, à Jérusalem, en Egypte, jusqu’à ce qu’enfin, vers le soir de sa vie, il trouve, non pas la paix, car son âme ardente ne la connut jamais, mais un peu de repos matériel dans sa cellule de Bethléem.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.