Un spectre hante l’Europe, celui des nationalismes. Moins de cinq ans se sont écoulés depuis l’effondrement du mur de Berlin et déjà, l’on est passé d’une divine euphorie à une sourde inquiétude. En plein cœur du Vieux Continent, à quelques dizaines de kilomètres de Venise, une guerre sans pitié ensanglante les débris de l’ancienne Yougoslavie. En quelques mois, des noms de lieux enfouis dans notre mémoire et qui semblaient appartenir à une autre époque ont ressurgi : Transylvanie, Croatie, Kosovo, Transcarpatie, etc. Dans une situation marquée par l’effondrement des anciennes structures politiques et par l’implosion économique et sociale, les tensions s’exacerbent entre Roumains et Hongrois, entre Tchèques et Slovaques, entre Russes et Ukrainiens, entre Bulgares et Turcs. Ces poussées nationalistes sont-elles une fièvre de croissance ou un phénomène de longue durée ? Sont-elles une simple résurgence d’un passé gelé par la guerre froide, ou un phénomène nouveau ? Sont-elles enfin devenues aujourd’hui le principal obstacle sur le sentier escarpé qui mène à la démocratie ?