Les premiers romans ne sont-ils qu'un bruyant phénomène éditorial et médiatique ? N'offrent-ils pas plutôt au chercheur ou à l'écrivain l'occasion de saisir comment se dessine, à la croisée de l'ordinal et du générique, une entrée en littérature dans ce qu'elle suppose de jeux parfois complexes d'identités et d'identifications ? Mais que les premiers romans aient pour seul souci de commencer, rien n'est moins sûr : entre fantômes et mélancolie, entre relecture et réécriture, ils ne cessent en fait de se débattre avec les questions de la disparition et de la fin. Ainsi, bien plus qu'ils ne renseignent sur une improbable mort de la littérature, les premiers romans nous invitent à relever un défi, celui de cette méconnaissance fondamentale qui préside, selon Giorgio Agamben, à toute visée critique.