Le roman cassé - René Crevel

Le roman cassé

Par René Crevel

  • Date de sortie: 2017-08-16
  • Genre: Classiques

Description

Ce livre est parfaitement adapté pour une lecture agréable sur une liseuse numérique. 

"On le lira de plus en plus et on délaissera les grands noms gonflés de vent de ses ainés qui acceptèrent la pourriture" : Ezra Pound. «Crevel, écrivait André Breton en 1952 dans ses Entretiens, avec ce beau regard d'adolescent que nous gardent quelques photographies, les séductions qu'il exerce, les craintes et les bravades aussi promptes à s'éveiller en lui... à travers tout cela c'est l'angoisse qui domine. Il est d'ailleurs psychologiquement très complexe, contrecarré dans une sorte de frénésie qui le possède par son amour du XVIIIe et particulièrement de Diderot. » « Né révolté comme d'autres naissent avec les yeux bleus» écrira Philippe Soupault. René Crevel vient d'apprendre, qu'il souffrait d'une tuberculose rénale alors qu'il se croyait guéri. La nuit suivante, il se suicide au gaz dans son appartement, après avoir griffonné sur un papier « Prière de m'incinérer. Dégoût ». Klaus Mann qui fut un ami proche résuma dans son livre Le Tournant " Il se suicida parce qu'il avait peur de la  démence, il se suicida parce qu'il tenait le monde pour dément". Extrait : Si je vous ai révélé des secrets de famille, ce n'est point pour que vous alliez les raconter en Cour d'Assises, devant des journalistes et des cocottes, sous prétexte d'atténuer la responsabilité du criminel. Vous savez ce qu'on dit du linge sale. Ce n'est pas en l'étalant sur le prétoire que nous aurons l'oreille du tribunal. Au contraire, tirons parti du moindre cor au pied de l'assassiné, des bobos, de la constipation de sa veuve et surtout, ne l'oublions pas, de l'orphelin hydrocéphale. J'espère que Mathilde n'ira pas faire du romantisme. Je me permettrai d'ailleurs de lui faire remarquer en temps utile que si elle est la troisième et non la moins intéressée à vouloir l'acquittement, elle ne s'en trouve pas moins incapable de donner un centime pour l'avocat. Voilà déjà belle lurette qu'elle a laissé la chair de sa chair lui ôter le pain de la bouche. Mais un panier percé qui donne des leçons de pyrogravure, de piano et de diction pour ne pas mourir de faim aura beau chercher par tous les moyens à redoubler de dignité, multiplier les faux cheveux en vrais crins de cheval blanc, les jabots sur le brochet et les velours autour du cou, jouer des nocturnes noirs de dièses et bémols, lire les encyclopédistes, déclamer du Victor Hugo, susurrer du Lamartine, en un mot, se donner des airs de bas-bleu, comme si elle était à elle seule à la fois Cléopâtre, la Sainte Vierge, Jeanne d'Arc, Mme~de Genlis, George Sand et Sarah Bernhardt, comment veux-tu que des parents dignes de ce nom confient leurs enfants à la mère d'un meurtrier.

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