Lyon, Mardi 3 janvier 2040
On sonne à la porte. « Ça y est », me dis-je. « Ils sont là ».
Je prends une profonde inspiration. Ils s’impatientent. Je me dirige vers l’entrée. J’ouvre. Ils sont trois. Leurs uniformes impeccables leur moulent le corps. Deux d’entre eux portent la main à la taille, prêts à dégainer leur paralyseur en cas de résistance. Je devrais être effrayé mais je n’en ai même plus l’énergie.
— Police métropolitaine de Lyon. Vous êtes bien Martin Derève ?
Je ne prends pas la peine d’ouvrir la bouche. J’acquiesce d’un signe de tête, complètement abattu.
— Vous êtes en état d’arrestation pour meurtre.
À bout, cette phrase ne peut m’empêcher de brouiller mes yeux, sur le point de verser une larme. Jusque-là, je crois que je ne parvenais pas à réaliser l’implication de ma conduite. Mais cette affirmation me rappelle à mon funeste destin. À mon acte perpétré quelques heures auparavant.
Le policier me positionne les menottes autour des mains. Elles se serrent automatiquement sur mes poignets, comme si on avait jeté mon corps entier en prison. Dans la voiture autonome qui me mène jusqu’au commissariat de la Tête d’Or, sous les yeux accusateurs de mes geôliers, je repense au déroulé de la soirée.
Meurtre ? Vraiment ? Comment ai-je pu en arriver là ? Ou plutôt, comment la société a-t-elle pu en arriver là ? Être arrêté pour ce motif ?
