L’Histoire ne laisse pas la littérature en paix. Ou bien est-ce l’inverse? Depuis une trentaine d’années, une floraison de romans français revisitent le passé. Cette rétrospection concerne surtout le XXe siècle, ses phases cruciales et ses événements tragiques, mais elle embrasse aussi les époques antérieures. Les romanciers ne se satisfont plus de raconter : ils suspectent, ils enquêtent, multiplient leurs approches. Et leurs œuvres diffèrent par bien des aspects, formels et thématiques, du roman historique en vogue au XIXe siècle. Dans le même temps, nombre d’historiens s’interrogent sur l’instance narrative, la forme du récit et sur les usages scientifiques de la fiction littéraire. À la confluence de ces mouvements se déploie la fortune de ce qu’on pourrait appeler des romans historiens, pour lesquels l’Histoire, les événements aussi bien que la manière de les écrire, devient elle-même une question partagée. Autour de ce grand courant historicisant qui accroît encore son élan dans la première décennie du XXIe siècle, le présent ouvrage réunit des réflexions d’écrivains, d’historiens, de littéraires. Attentif aux textes les plus récents, il en explore les choix chronologiques, les modèles formels, les thèmes saillants, parmi lesquels les guerres, la décolonisation et les questions politiques jouent un rôle de premier plan.