Mon père, l'inspecteur Bonny - Jacques Bonny

Mon père, l'inspecteur Bonny

Par Jacques Bonny

  • Date de sortie: 1975-01-01
  • Genre: Romans et littérature

Description

Le seul nom de l’inspecteur Bonny et les mots de « rue Lauriston », de sinistre mémoire sous l’Occupation, qui l’accompagnent encore presque inévitablement en écho, inciteront sans doute certains esprits à s’interroger : pourquoi ce livre ? Pour réhabiliter Bonny ? À quoi bon réveiller les ombres d’une cause entendue, jugée, sanctionnée par le peloton d’exécution ? Mais justement tel n’est pas l’objet de l’ouvrage. Si celui-ci a un mérite, c’est de n’avoir pas hésité à saisir la vérité, même la plus cruelle, à bras-le-corps, à refuser de nier les évidences. Car le but était au contraire de mettre le doigt sur les plaies, de monter un cas exemplaire — dans le sens de l’exemple à ne pas suivre. Voir comment un homme, par un mélange d’ambition et de conviction, peut mettre le doigt dans l’engrenage de la politique, jusqu’à admettre (il l’a avoué à son fils avant de mourir) de supprimer, au nom de la raison d’État et sur ordre supérieur, le fameux Conseiller Prince de l’Affaire Stavisky ; puis voir comment, par quels étranges chemins du hasard et de la faiblesse humaine, ce même homme se retrouve entraîné dans la collaboration et le reniement de tout un passé d’actes et d’idées (sans une panne d’auto dans la débâcle de 1940, Bonny se fut retrouvé à Londres ou à Alger parmi les tout premiers, au lieu de la rue Lauriston) — il y a là une leçon qui, à travers l’analyse en profondeur d’un cas extrême, jette un jour cru et singulier sur les quinze années (1930-45) les plus troubles de l’histoire de France contemporaine. Et que ce soit le fils de Pierre Bonny qui ait voulu mener lui-même l’enquête sur son père, dans cet esprit d’objectivité clinique et malgré tout ce que pouvait avoir de douloureux pour lui cette autopsie morale, ne fait que rendre encore plus aigu et déchirant l’accent de vérité du livre.

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