« Le Ciel, dit-on, ne crée aucun homme supérieur aux autres hommes ni aucun homme inférieur aux autres hommes. Cela signifie que, étant tous engendrés par le Ciel, les hommes sont égaux entre eux et qu’il n’existe pas, à la naissance, de distinctions de rang ou de classe. [...] Les différences qui existent entre les hommes proviennent uniquement des connaissances que les uns ont acquises par l’étude et que les autres n’ont pas. [...] La liberté et l’indépendance concernent par ailleurs tout autant les pays que les individus. [...] Que le pays soit humilié, et tous les Japonais sans exception devront en effet donner alors leur vie pour défendre son honneur et sa dignité. C’est en cela que consistent la liberté et l’indépendance d’un pays. » L’Appel à l’étude, publié entre 1872 et 1876, est l’ouvrage le plus important de l’ère Meiji (1868-1912). Son auteur, Fukuzawa Yukichi (1835-1901), s’y livre à un double exercice : penser la manière dont le Japon peut et doit « accéder à la civilisation » et convaincre ses compatriotes de le suivre dans cette voie, la seule à même selon lui d’éviter à son pays la colonisation par les puissances étrangères. Best-seller absolu de l’époque, ce livre, qui a joué un rôle capital dans la construction du Japon contemporain, offre de nombreuses clefs pour comprendre ce que fut vraiment la restauration de Meiji pour les Japonais. Le traducteur, Christian Galan, est professeur de langue et civilisation japonaises à l’université Toulouse-Jean Jaurès et chercheur au Centre d’études japonaises de l’Inalco.