Découvrir ce qui fait d’un texte une œuvre d’art, définir la littérarité de la littérature, tel est l’objet de la poétique. Discipline toute grammairienne et formaliste à ses débuts, elle se subordonne de plus en plus aujourd’hui à la théorie générale des signes : après avoir cherché la littérarité dans le texte même, elle la cherche maintenant dans la dialectique du texte et du lecteur. Nul n’a plus contribué que Michael Riffaterre à cette évolution : s’affranchissant de l’approche purement linguistique, il travaille à intégrer la théorie de la littérature à la sémiotique, et à transformer l’analyse textuelle en un théorie de la lecture. Le poéticien américain fonde ici la littérarité sur la notion de surdétermination. Énonçant d’abord les règles générales qui gouvernent l’engendrement du texte et guident le lecteur dans son interprétation, il étudie ensuite, de Du Bellay à Ponge, en passant par Balzac et les Surréalistes, les traits du texte qui permettront d’établir une typologie de l’intertextualité.