Pourquoi les rois en exil, dépossédés du pouvoir et de la fortune, continuent-ils à exercer une telle fascination sur leurs sujets d’hier et sur nos âmes nostalgiques ? En retrouvant l’histoire de leur règne, en les suivant sur les chemins de l’exil, Stéphane Bern a voulu dénouer les fils du passé qui font de ces rois sans royaume des figures symboliques. L’exemple de Juan Carlos semble aujourd’hui donner raison à leur ténacité, celle de croire toujours et encore qu’ils retrouveront demain leur trône. L’idée pourrait paraître farfelue si les Roumains, les Bulgares, les Albanais, les Yougoslaves et mêmes les Russes ne cherchaient maintenant en leur ancien souverain un arbitre et un fédérateur. S. Bern n’a pas voulu rendre un plat hommage à dix rois déchus, dont le destin malheureux ferait pleurer dans les chaumières ; ils ont l’étoffe des rois. Mais vérité dit critique, aussi les portraits sont-ils tour à tour sévères, amusants, tendres, même si à travers eux perce le secret espoir que l’Histoire leur rendra justice.