Louis Hémon (1880-1913)
"Ite missa est.
La porte de l’église de Péribonka s’ouvrit et les hommes commencèrent à sortir.
Un instant plus tôt elle avait paru désolée, cette église, juchée au bord du chemin sur la berge haute au-dessus de la rivière Péribonka, dont la nappe glacée et couverte de neige était toute pareille à une plaine. La neige gisait épaisse sur le chemin aussi, et sur les champs, car le soleil d’avril n’envoyait entre les nuages gris que quelques rayons sans chaleur et les grandes pluies de printemps n’étaient pas encore venues. Toute cette blancheur froide, la petitesse de l’église de bois et des quelques maisons, de bois également, espacées le long du chemin, la lisière sombre de la forêt, si proche qu’elle semblait une menace, tout parlait d’une vie dure dans un pays austère. Mais voici que les hommes et les jeunes gens franchirent la porte de l’église, s’assemblèrent en groupes sur le large perron, et les salutations joviales, les appels moqueurs lancés d’un groupe à l’autre, l’entrecroisement constant des propos sérieux ou gais témoignèrent de suite que ces hommes appartenaient à une race pétrie d’invincible allégresse et que rien ne peut empêcher de rire."
Maria Chapdelaine vit, entourée de sa famille, sur la rive nord du lac Saint-Jean (Québec). Elle aime François Paradis un bûcheron épris de liberté ; mais deux autres garçons la courtisent : Lorenzo Surprenant qui est parti aux Etats Unis vivre le rêve américain et Eutrope Gagnon, un colon amoureux de la terre. Quel sera le choix de Maria : la liberté, l'inconnu ou la résignation ?