Les enjeux d'une gestion didactique et pédagogique de la cour de récréation pour en faire un espace d'apprentissages, de liberté et de bien-être.
Qu'est-ce qu'une cour de récré ? A quoi correspond le temps de récréation ? Comment aménager la première ? Comment remplir le second ? Comment, in fine faire de la récréation un espace où il fait bon vivre ? Voilà des questions essentielles que la pédagogie scolaire a longtemps tardé à se poser.
Pourtant, parce qu'il se situe à la lisière de la scolarité, à mi-chemin entre la liberté contrôlée et l’apprentissage supervisé, le temps de récréation se constitue sans doute comme un moment privilégié d'apprentissage de l'autonomie chez l'élève. En se présentant comme un espace clos à l'intérieur duquel les groupes d'élèves cessent de faire "classe" pour devenir un collectif qui se donne ses propres règles de fonctionnement, le territoire récréatif se pose comme le lieu principal d'expression de toutes les formes de violences visibles ou invisibles (harcèlement) contre lesquelles l'école devra s'opposer si elle veut véritablement se constituer, pour construire l'école d'aujourd'hui en vue du monde de demain, en véritable laboratoire du vivre-ensemble.
À travers un ensemble d’instruments méthodologiques concrets et de réalisations didactiques, cet ouvrage démontre comment l’aménagement de la cour de récréation peut devenir l’argument d’un véritable projet pédagogique susceptible de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative dans le respect des identités de chacun.
EXTRAIT
la horde d’enfants qui courent pour se défouler n’existe le plus souvent que dans la représentation que l’adulte se fait de l’activité d’un enfant pendant le temps récréatif qui lui est concédé lors d’une journée scolaire. L’idée qu’il devrait « se défouler » pour évacuer le surplus d’énergie accumulé en classe ne résiste pas à l’observation des faits. En réalité, l’enfant éprouve surtout le besoin de se ressourcer en se livrant à des types d’activités qu’il ne réalise pas en classe en suscitant des formes d’intelligence qui y sont peu ou pas stimulées.
Cette idée d’une récréation qui fonctionnerait comme un défouloir est corroborée par le fait que les enfants, dès que l’enseignant les « lâche » sur la cour de récréation, ont tendance à se précipiter dans la cour en courant et en hurlant… En réalité, cette activité sporadique ne se réalise que sur quelques mètres et pendant une durée très courte.
À PROPOS DES AUTEURS
Bruno Humbeeck est psychopédagogue et Docteur en Sciences de l'Education. Chargé d'enseignement à l'Université de Mons et responsable du Centre de Ressource Educative pour l'Action Sociale (CREAS), il travaille sur des projets de recherche portant sur les relations école-famille et société au sein du Centre de Recherche en Inclusion Sociale (CeRIS). Expert de la résilience, il est l'auteur de publications sur l'estime de soi, la maltraitance, la toxicomanie et la prise en charge des personnes en rupture psychosociale.
Willy Lahaye est philosophe et Docteur en Sciences Psychologiques et de l'Education. Il est professeur à l'Université de Mons où il dirige le service des Sciences de la Famille et le Centre de Recherche en Inclusion Sociale (CeRIS). Ses travaux de recherche et piblications sont orientés sur la coéducation, les relations école-famille, l'éducation familiale et les mécanismes de l'inclusion sociale et scolaire.
Maxime Berger est l'illustrateur de cet ouvrage. Concepteur graphique au sein du Service des Sciences de la Famille de l'UMons, il a, à ce titre, participé à l'élaboration du programme "Eduquons ensemble avec Polo Le Lapin" et à la recherche-action Prévention du harcèlement et des violences scolaires.