Ce livre sur l’Académie, un Français n’aurait jamais pu l’écrire : il aurait été trop admiratif, ou trop ironique ; il n’aurait jamais su trouver le juste milieu, manquant de ce recul que donne l’espace. Il fallait un ami de la France, lointain et proche, capable de tout comprendre, et de mêler sans cesse une extrême tendresse et un certain sourire. En ce sens, M. Choucri Cardahi nous fait assister à la Comédie académique, qui est une des formes de la Comédie humaine. Feuilletez ce livre, vous y trouverez des précieux ridicules, des génies imaginaires, des misanthropes surtout : le lion, la belette, l’agneau, le renard. Mais aussi, vous y trouverez le sens constant de la grandeur, de la noblesse, de la profondeur, allié à l’intelligence, le goût de l’universel, — et cette tradition humaniste qui fait que l’on peut exposer les problèmes les plus divers et les plus difficiles, dans la langue commune, que l’on peut faire dialoguer le stratège et le poète, le politique et le religieux, l’homme de théâtre avec le philosophe, que dis-je ? que ce dialogue constant de chacun avec chacun est la loi suprême de cette société, qui n’a pas son analogue, sauf chez les morts. Et ce sont des vivants.
