« On connaît assez le rôle brillant de Mme de Longueville dans les deux premières époques de la Fronde, la guerre de Paris et celle qu’alluma la prison de (Condé. Nous allons la suivre dans la troisième et dernière époque, qui commence à la délivrance des Princes, en février 1651, et ne finit qu’avec la guerre de Guienne, en août 1653. C’est l’époque la plus longue, la plus désastreuse, et en même temps la plus obscure de la Fronde. Nous tâcherons de l’éclaircir. Pour cela, il nous faudra ôter le masque à plus d’un acteur illustre, montrer le revers des plus belles médailles, et les ombres qui partout se mêlent à la gloire, au génie, à la vertu même. Le XVIIe siècle est assurément le plus grand siècle de notre histoire ; mais il est dans l’humanité, et l’humanité est pleine de misères. Mme de Longueville a des côtés charmants et sublimes ; mais elle est loin d’être irréprochable. D’ailleurs, nous nous hâtons de le reconnaître : c’est ici la moins bonne partie de sa vie. En la racontant avec une fidélité scrupuleuse, nous aurons souvent besoin de nous souvenir que les fautes des grandes âmes servent quelquefois à leur perfection par la vertu bienfaisante des remords qu’elles soulèvent, et que la sœur de Condé devait peut-être ressentir toute la vanité de l’ambition et de la fausse grandeur, toute l’amertume des passions coupables, pour leur dire adieu d’aussi bonne heure, reprendre le chemin austère du devoir, revenir au Carmel et monter à Port-Royal. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.