N'en déplaise aux historiens, les villes font leur lit dans nos mémoires par la grâce des romanciers amoureux.
Dublin doit à la passion de Joyce autant qu'Alexandrie à la nostalgie de Durrell ou New York aux errances de Charyn.
Nice a de la chance ; depuis quelques années elle s'offre, avec Raynal, le romancier de sa modernité.
Car Nice est une ville moderne : les héritières s'y endorment parfois dans des draps de béton, mourir y est plus qu'ailleurs synonyme de disparaître, et la solitude, là, est vraiment seule.
Mais Raynal nous dit aussi qu'on peut tomber amoureux de ces villas blanches qui laissent leur ombre voyouter dans des ruelles d'ocre et de poisson.
Amoureux à en mourir.
Daniel PENNAC