Histoire de l'Émigration pendant la Révolution Française - Ernest Daudet

Histoire de l'Émigration pendant la Révolution Française

Par Ernest Daudet

  • Date de sortie: 1921-01-01
  • Genre: Fiction historique

Description

L'année 1797, qui vit le Directoire exécuter contre la majorité du conseil des Anciens et du conseil des Cinq-Cents le coup de force que rappelle la date du dix-huit fructidor, est celle de toute la période révolutionnaire qui s'annonça comme la plus favorable aux entreprises royalistes et au rétablissement de la monarchie. La réaction formidable et trop souvent tragique qui avait suivi la chute de Robespierre s'accusait et se développait. En dépit de ses efforts pour renaître, le terrorisme semblait vaincu; ses principaux chefs avaient péri, et quoique, avant de se séparer, la Convention, dans la cynique pensée de se survivre, eût osé décréter que les deux tiers de ses membres figureraient de droit dans l'assemblée nouvelle, qu'en vertu de la Constitution le pays allait être appelé à élire, les électeurs, qu'indignait, pour la plupart, cette décision arbitraire, avaient choisi, pour former le nouveau tiers, des hommes notoirement connus par leur hostilité au régime de sang qui venait de finir. Tous ces élus n'étaient pas royalistes. Beaucoup d'entre eux avaient même pactisé avec la Révolution à ses débuts. Mais, éclairés par ses excès ou ressaisis par d'anciennes convictions, tous étaient affamés de tranquillité et susceptibles de favoriser, sans trop regarder à la forme et à l'étiquette, la formation d'un gouvernement qui, jaloux de ne retomber ni dans les abus de l'ancien régime ni dans les forfaits de la Terreur, assurerait à la France le repos et la prospérité dont elle était depuis si longtemps sevrée. Ils ne constituaient pas encore une majorité dans le conseil des Cinq-Cents. Mais, leur rôle tendant de plus en plus à devenir prépondérant, ils étaient autorisés à penser que les élections qui devaient avoir lieu en cette même année 1797, pour le renouvellement d'un tiers de l'assemblée, leur donneraient la supériorité du nombre et les rendraient assez puissants pour secouer le joug du Directoire, lui dicter à leur tour des lois et en chasser l'élément révolutionnaire qui s'y était introduit dès le premier jour.

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