Après avoir parcouru les principales îles placées dans l'Océan atlantique vis-à-vis le continent africain, et dont les Européens se sont emparés à la même époque où ils commencèrent à reconnaître la côte occidentale de cette partie du monde, nous allons, en retournant un peu sur nos pas, suivre avec les voyageurs cette même côte, depuis le désert de Sahara jusqu'à Sierra-Leone, où commence la Guinée proprement dite. Avant de passer par le détroit de Gibraltar dans l'Océan qui baigne la côte occidentale d'Afrique, on trouve, sur les bords de la Méditerranée, les contrées connues autrefois des anciens, et qui forment ce que les modernes ont appelé Barbarie; Alger et son domaine, qui est l'ancienne Numidie; Tunis, qu'on croit être Carthage; Tripoli, la grande Syrte, Barca, tout ce qui composait les possessions romaines jusqu'au mont Atlas. Au-delà du détroit est le royaume de Fez, l'empire de Maroc, autrefois la Mauritanie Tingitane; Dara, Tafilet, pays gouvernés jadis par Syphax et par Bocchus, mais sous la dépendance ou la protection des Romains, qui avaient poussé leurs conquêtes jusqu'au désert. À l'orient, les Romains possédaient encore l'Égypte et la Nubie, et connaissaient quelques ports de la mer Arabique. La grande région qu'ils appelaient Éthiopie, et que nous nommons Abyssinie, ne leur était connue que de nom. Elle ne l'est guère davantage aux modernes, qui pourtant en ont fréquenté quelques ports, comme Adel, Zeyla, Souakem, etc. , mais n'ont que peu pénétré dans l'intérieur des terres. À l'égard de la côte orientale d'Afrique, que nous avons vu découvrir par les Portugais après qu'ils eurent doublé le cap des Tourmentes, et qui contient les royaumes de Mosambique, de Quiloa, de Monbassa, de Mélinde, tout ce qu'on appelle le Zanguébar et la côte d'Ajan, les commerçans de Tyr et de Phénicie y descendaient par la voie beaucoup plus courte de la mer Rouge, dans des temps dont il nous reste bien peu de traces. Nous avons vu que, par la même voie, les Arabes ou Maures de la Mecque, ceux de Barbarie, et plus récemment les Turcs, y venaient commercer quand les Portugais y arrivèrent. Mais, quand ces mêmes Portugais, quand les Anglais et les Français abordèrent en Guinée, ils n'y trouvèrent que des Nègres et des serpens.