La régionalisation économique de la France, dont le principe est admis, ne pourra réussir que si elle s’accompagne d’une régionalisation des mœurs. Or, celle-ci se heurte à deux obstacles considérables. Le premier est offert par une capitale qui, ayant tranché par la violence, en 1793, le nœud gordien des problèmes posés par sa domination, n’a jamais fait, depuis lors, d’efforts sérieux pour les résoudre. Ainsi est-elle devenue un gigantesque magma de centralisateurs qui, loin de consentir à céder le moindre de ses privilèges ou de ses monopoles, ne cherche qu’à les accroître. Le second vient des provinces elles-mêmes qui, depuis leur mise en miettes départementales n’ont jamais su trouver la dynamique de leur renaissance, acceptant une subordination de colonisé à colonisateur qu’un seul fait suffit à mettre en lumière : la quasi-totalité de l’édition française est parisienne, circonstance qui interdit présentement au régionalisme de s’exprimer. De cette observation, est né le livre que voici. Il a pour but, non point d’épuiser un thème inépuisable, ou d’attiser la flamme de l’esprit partisan, mais d’inviter le lecteur, quelles que soient ses origines géographiques, à réfléchir sur certains aspects sociaux d’une question qui est sans doute la plus importante de celles que proposent, à l’intelligence ou à la sensibilité des Français, leur passé, leur présent et leur avenir.