Voici le portrait émouvant d'une princesse au destin hors du commun : Alice de Battenberg, arrière-petite fille de la reine Victoria, nièce de la dernière tsarine de Russie, sœur de Louis Mountbatten, vice-roi des Indes, belle-fille du roi George Ier de Grèce et mère de Philip d'Édimbourg.
Malentendante de naissance, Alice grandit entre l'Allemagne et l'Angleterre. Elle se marie en 1903 avec Andréas de Grèce et de Danemark, le fils du roi des Hellènes, avec qui elle aura cinq enfants dont Philip, futur époux de la reine Élisabeth II. La famille réside au palais royal d'Athènes, ou à Corfou, tandis qu'Andréas poursuit sa carrière militaire. Lors de la guerre des Balkans, la princesse s'engage comme infirmière volontaire. La Première Guerre mondiale, puis la guerre gréco-turque conduisent la Grèce au chaos et Andréa est banni de l'armée. S'ensuit une longue errance à travers l'Europe qui s'achève à Saint-Cloud. Désœuvré, André fréquente les cercles de jeux et noue une relation extraconjugale. Alice se réfugie dans la religion – convertie en secret à l'orthodoxie – et l'ésotérisme. En proie à des délires mystiques, diagnostiquée schizophrène, elle est hospitalisée en Allemagne. Elle subit un traitement dévastateur, avant que sa mère et son propre mari la fassent interner en Suisse. Libérée deux ans plus tard, Alice décide de s'éloigner un temps de ses proches. Elle passe la Seconde Guerre mondiale en Grèce, aide les nécessiteux et cache à son domicile d'Athènes, à ses risques et péril, une famille de Juifs. Après la Seconde Guerre mondiale, Alice se retire de la vie civile et fonde un premier couvent dans les Cyclades, puis un second à Athènes. Elle meurt paisiblement au palais de Buckingham en 1969.
La vie d'Alice sera marquée par des deuils tragiques avec l'assassinat en 1918 de la dernière tsarine de Russie et de la grande-duchesse Élisabeth, ses tantes maternelles, la mort de sa fille Cécile et de toute sa famille en 1937 dans un crash d'avion, puis de son frère George et de sa sœur Louise, reine de Suède. Le 11 avril 1993, le mémorial de Yad Vashem décernera à Alice le titre posthume de Juste parmi les nations. La princesse repose selon ses vœux à l'église Marie-Madeleine de Jérusalem, sur le mont des Oliviers, aux côtés de sa tante la grande-duchesse Élisabeth de Russie.