« Indépendant », « alternatif », « indie », « underground », « avant-garde », « de création »... Depuis les années 1970, la revendication d’indépendance a pris une importance grandissante dans les univers de production culturelle. Qu’elle se rapporte à des contenus, des méthodes de travail ou des dispositifs de médiation, cette revendication propose une alternative à la domination des groupes et des productions mainstream. Son succès conduit cependant à s’interroger sur la cohérence même d’une notion progressivement transformée en label de qualité.
À travers douze contributions traitant de l’édition, du cinéma, de la musique, des médias et de la vulgarisation scientifique, cet ouvrage montre en quoi l’indépendance relève d’une construction sociale tributaire de son environnement institutionnel et marchand. Des ondes aux écrans, de l’Europe aux États-Unis, des managers aux artistes, il met en évidence le balancement entre artisanat de création et recherche d’une structuration économique pérenne.
En mettant à distance la dénonciation ritualisée de l’hégémonie des majors et autres « grands groupes » et en s’appuyant sur des terrains ancrés dans différents contextes nationaux, ce livre fait le pari d’une approche transversale pour mieux saisir la manière dont l’indépendance irrigue et structure des filières trop souvent envisagées de manière cloisonnée. Il éclaire ainsi une catégorie de référence des industries culturelles paradoxalement peu étudiée par les sciences sociales, et permet de saisir l’évolution des rapports de force dans des secteurs confrontés à une rationalisation économique et à des mutations technologiques de grande ampleur.