Il y a quelques années encore, le progrès social était tenu pour acquis dans l’opinion publique occidentale. Le triomphe mondial de la démocratie et de l’économie de marché semblait inéluctable ; partout, la libéralisation et l’émancipation, la société du savoir et la diversité des modes de vie semblaient s’imposer. Des événements récents comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump nous ont douloureusement montré qu’il ne s’agissait que d’illusions. C’est seulement maintenant que l’on mesure l’ampleur du changement structurel qu’a connu la société. La modernité industrielle a cédé la place à une modernité tardive marquée par de nouvelles polarisations et de nouveaux paradoxes, et où progrès et malaise se côtoient de près. Dans une série d’essais, Andreas Reckwitz analyse cette transformation dans la culture, la politique, l’économie, le monde du travail ou encore l’éducation en s’appuyant sur de nombreuses études de sciences sociales. Il déploie ainsi une théorie inédite et lucide de la modernité qui s’inscrit dans le prolongement de son précédent ouvrage La société des singularités traduit en 2021, et qui révèle les principaux paradigmes du monde contemporain : la nouvelle société de classes, les caractéristiques d’une économie postindustrielle, le conflit autour de la culture et l’identité, l’épuisement qu’entraîne l’impératif de la réalisation de soi et la crise du libéralisme.