Carl Gustav Jung (1875-1961) est le plus déconcertant des fondateurs de la psychanalyse. Jeune médecin psychiatre à Zurich, il rencontra Freud en 1907 à Vienne. Il en résulta un mutuel coup de foudre intellectuel. Trois ans plus tard, Freud, qui venait de fonder la psychanalyse, le désigna officiellement comme son fils spirituel et son héritier. Leur lune de miel ne dura que cinq ans. En 1912, c'est la brouille ; en 1914, la rupture définitive. Jung fonde alors sa propre école. Pourquoi cette rupture ? D'une part parce que Jung, qui se consacrait comme Freud à l'exploration de l'inconscient, refusait de tout ramener à la sexualité. D'autre part parce qu'il refusait la vision matérialiste athée de Freud.
Esprit curieux et libre, il eut de nombreuses expériences spirituelles - il se plongea même dans les phénomènes occultes -, qu'il étudia et décrivit objectivement, ce qui le fera qualifier avec mépris de " mystique " par Freud. Toute sa vie, Jung se refusera de dissocier le " merveilleux " des événements prétendument normaux. Pour lui, " la découverte de l'inconscient ouvre l'occasion d'une grande aventure de l'esprit ". Et si ses rapports avec " Dieu " troublent les théologiens - n'a-t-il pas déclaré : " Je ne crois pas, je sais " ? -, il ne cessera d'affirmer la prééminence du christianisme.
Sa correspondance la plus secrète et les témoignages de ses proches ont permis à l'auteur de cerner ce personnage qui, sous l'emprise de forces intérieures qu'il avait éveillées, pouvait devenir destructeur et cruel quand les extrêmes qui l'habitaient se mettaient à fusionner. Mais qui, à la fin de sa vie, réalisera l'union des contraires, l'expérience mystique essentielle.
La biographie passionnante de l'un des plus grands thérapeutes du XXe siècle.