On a parfois tendance à l'oublier en France : les Lumières ont commencé à briller dès le XVIIe siècle en dehors de nos frontières, à une époque où les intellectuels trouvaient Amsterdam plus accueillante que la capitale du Roi Soleil.
Franciscus Van den Enden, connu aussi sous son nom de plume Affinius, compte parmi les personnalités les plus attachantes de cette période. Né à Anvers en 1602, destiné à la prêtrise, mais exclu par les jésuites à quelques semaines de son ordination, il a réapparu ensuite à Amsterdam où il a fondé une école. Auteur de poèmes et de pièces de théâtre, professionnel du marché de l'art formé dans la cité du grand Rubens, alchimiste et médecin, il eut pour élève un certain Baruch Spinoza, à qui sa fille enseigna le latin avec tant de talent que le futur auteur de L'Ethique en fut, parait-il, assez troublé. Mais la vie intellectuelle ne suffisait pas à notre homme : à 72 ans, il se lança dans un complot contre Louis XIV avec le sieur Latréaumont, dont la sulfureuse réputation devait donner plus tard à Isidore Ducasse l'idée d'écrire sous le nom de Lautréamont.
Dans ces mémoires librement reconstituées, Van den Enden nous donne sa version de cette étonnante histoire.