Armand Colin
Schopenhauer est le plus méconnu des grands philosophes du XIXe siècle. L'influence de son pessimisme a été considérable chez les philosophes (Nietzsche), les musiciens (Wagner), les artistes, les écrivains russes (Tolstoï), allemands (Mann), anglais (Conrad), français (Maupassant, Mallarmé, Proust...)Pourtant, la portée de son oeuvre, malgré ou à cause de ses qualités littéraires, à très souvent été appréciée à contre-sens. On a vu en lui un romantique, un irrationaliste, un contempteur des sciences, un moraliste pénétrant mais amer, misogyne et réactionnaire, et, de plus, peu conséquent avec lui-même. Les wagnériens en ont fait le prophète d'une religion de la musique et de l'art total. Plus récemment, il est devenu un précurseur de l'existentialisme ou d'une philosophie de l'absurde.Le présent ouvrage entend rectifier cette image. Schopenhauer, successeur authentique de Kant, prolonge la critique de la raison par elle-même et en tire toutes les conséquences. Sa métaphysique de la volonté correspond bien à la physique des forces contemporaine et ne se confond ni avec une philosophie de la décadence ni avec une exaltation mystique. Son pessimisme, ni psychologique ni historique, mais métaphysique, reste une instance critique radicale. Son renversement des philosophies de la conscience ouvrant sur Freud, comme confrontation de la tradition biblique occidentale et de la pensée religieuse de l'Inde se sont avérés riches de prolongements. Jean LEFRANC, agrégé de philosophie, est maître de conférences honoraire à l'université de Paris-Sorbonne dont il a dirigé plusieurs années l'UFR de philosophie. Il a publié sur la philosophie française du XVIIIe et XIXe siècle, sur Kant, Schopenhauer, Nietzche, Freud.
Un philosophe inactuel. Critique du théisme occidental. La résolution métaphysique de la crise kantienne. La métaphysique à la rencontre des sciences. La destinée du sujet humain. Le déchiffrement du monde.