Ce premier livre d’Abdallah Laroui, publié en 1967 en français et bientôt traduit en arabe, réédité de nombreuses fois et mis à jour en 1977, est bien un livre de "fondation" : "On ne pourra plus travailler sur les problèmes arabes sans se référer au livre de Laroui", prévoyait, dès 1967, de façon parfaitement exacte, la revue Croissance des jeunes nations. "Pour la première fois est esquissé ici un véritable portrait de l’homme arabe, de ses rapports — si complexes, si troubles, si importants — avec l’Occident, des avatars de sa chasse éperdue à l’authenticité, de ses tentations libérales et nationales, de la possibilité d’un "marxisme" objectif, de sa manière de récupérer son histoire, sa religion, sa personnalité enfin. Laroui, intellectuel marocain de trente-quatre ans, agrégé d’arabe, professeur à la Faculté des lettres de Rabat, dresse un constat qui suscitera des polémiques et des controverses passionnées. Mais il est difficile de ne pas être sensible à sa sincérité, à sa culture utilisée comme arme critique, pulvérisatrice de mythes et de tabous, et profondément solidaire de ce monde arabe sur lequel Laroui ne s’acharne si fort que parce qu’il est le sien." Jeune Afrique, 1967. "Un livre riche, dense, touffu, où la démarche intellectuelle est claire et globale, mais interrompue au fil des pages par des éclairs de passion et de visions poétiques." Lamalif, Maroc, 1967. "Un livre d’une importance capitale pour la culture arabe... Après ce qu’a écrit Laroui, les intellectuels arabes ne peuvent plus s’installer innocemment dans des concepts et des formes indépendants d’une évaluation critique de la société où ils vivent." Mohamed Berrada, Le Monde, 1974. "On ne saurait trop conseiller la lecture ou la relecture des réflexions d’un des meilleurs essayistes et historiens arabes actuels." Revue française de sciences politiques, 1977.