Parmi les mouvements anticoloniaux arabes et africains le nationalisme marocain présente des particularités incontestables qui ne cessent d’intriguer les observateurs. Ce livre tente d’expliquer ces particularités en analysant en détail la structure socio-politique du Maroc précolonial et les conséquences contradictoires des réformes par lesquelles le pays essaya d’échapper à la tutelle étrangère. À la fois mouvement et idéologie, le nationalisme apparaît dans cette perspective comme l’expression d’un choix : celui de la rénovation dans la conservation. Peut-on généraliser à partir du cas marocain ? Si oui, le nationalisme aurait une dimension culturelle qui jusqu’ici a été grandement sous-estimée. Pour cette raison, sa rémanence serait plus grande et sa force de contestation plus ambiguë que ne le laisserait penser une analyse strictement sociologique.