<p style="text-align: left">Avant de faire époque dans la littérature et dans l’art, avant de représenter une sensibilité ou un style (dont on annonce régulièrement le « retour »), le romantisme est d’abord une <i>théorie</i>. Et l’<i>invention</i> de la littérature. Il constitue même, très exactement, le moment inaugural de la littérature comme <i>production de sa propre théorie</i> – et de la théorie se pensant comme littérature. Par là, il ouvre l’âge critique auquel nous appartenons encore.</p><p style="text-align: left">Poétique où le sujet se confond avec sa propre production, et Littérature close sur la loi de son propre engendrement, le romantisme (nous, en somme), c’est le moment de l’<i>absolu littéraire</i>.</p><p style="text-align: left">Cela s’est joué vers 1800, à Iéna, autour d’une revue (l’<i>Athenaeum</i>) et d’un groupe (celui des frères Schlegel). Or, depuis bientôt deux cents ans que ce moment a eu lieu, pratiquement aucun des textes majeurs où s’est effectuée une telle opération n’a été traduit en français. La première ambition de ce livre est, par conséquent, de donner à lire certains d’entre eux. </p><p style="text-align: left">Mais comme la contrainte que le romantisme exerce sur nous est à proportion de la méconnaissance où il a été tenu, on a voulu, chaque fois, accompagner ces textes et en prendre, à notre usage, la mesure théorique. Question, tout simplement, de <i>vigilance</i> : car au fond « l’absolu littéraire », n’est-ce-pas ce qui hante, encore aujourd’hui, notre demi-sommeil théorique et nos rêveries d’écritures ?</p><br /><p style="text-align: right">Ph. L.-L. et J.-L. N.</p><br /><p style="text-align: left"><i>La traduction et l’annotation des textes ont été assurées avec la collaboration de Anne-Marie Lang.</i></p><br /><br />
