Un vieil ami de ma famille, que je consulte quelquefois, bien que la jeunesse présomptueuse d'aujourd'hui le considère, en raison de sa qualité d'académicien, comme fort peu apte à juger des choses littéraires, m'a affirmé que, de son temps, un livre ne paraissait jamais sans une préface, d'autant plus longue que le livre était plus mauvais, dans laquelle l'auteur exposait au lecteur les 'motifs urgents qui l'avaient déterminé à prendre la plume'. Je me conformerai à cet 'usage antique et solennel', quoiqu'il soit fort passé de mode depuis qu'il est devenu presqu'aussi facile de faire un livre que de ne pas faire une comédie en cinq actes et en vers pour l'Odéon. La littérature courante et le roman soi-disant historique ont depuis longtemps défiguré toutes ces femmes célèbres, parvenues de l'amour, reines de la main gauche, de par leur esprit ou leur beauté. Héroïnes de drame ou de roman, les maîtresses des rois de France ont dû subir toutes les vicissitudes de l'intrigue ou de la mise en scène, tantôt placées dans le nuage ou traînées au ruisseau. La sévère histoire se voilait la face, mais les romanciers et les dramaturges sont impitoyables. Si bien que nous ne connaissons plus guère aujourd'hui 'ces reines d'amour', qui, d'un regard souvent ont changé la politique des rois qu'elles dominaient.