La Logeuse (Edition Intégrale - Version Entièrement Illustrée) * Inclus une courte biographie de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski Descriptif : Le héros de ce récit de jeunesse (1847) tombe amoureux d’une jeune femme mariée à un vieillard – la logeuse de l’appartement dans lequel il vient de trouver une chambre. Si son intrusion constitue une crise dans la vie du couple étrange, nul ne saura jamais pourtant quel lien les unit, quelle folie ou quelle affection mortifère. Car telles sont la force et la modernité de ce récit que de rester ouvert, de ne donner aucune clé à l’inévitable éviction du protagoniste. Extrait : Écoute ce que je vais te dire, prononça-t-elle d’une voix qui allait au cœur, en serrant dans ses mains les mains d’Ordynov et s’efforçant d’étouffer ses sanglots. Écoute-moi bien ; écoute, ma joie ! Domine ton cœur et cesse de m’aimer comme tu m’aimes maintenant ; ce sera mieux pour toi, et ton cœur deviendra plus léger et plus joyeux et tu te garderas d’une ennemie redoutable et tu acquerras une sœur aimante. Je viendrai chez toi si tu le veux. Je te caresserai et je n’aurai pas honte de demeurer près de toi. Je suis restée avec toi deux jours, quand tu as été gravement malade ! Reconnais en moi ta sœur ! Ce n’est pas en vain que j’ai prié ardemment la Vierge pour toi ! Tu ne trouveras pas une autre sœur pareille. Tu peux parcourir tout l’univers, tu ne trouveras pas un autre amour pareil, si ton cœur demande l’amour. Je t’aimerai de tout mon cœur, comme main-tenant, et je t’aimerai parce que ton âme est pure, claire, transparente, parce que, quand je t’ai regardé pour la première fois, j’ai reconnu aussitôt que tu es l’hôte de ma demeure, l’hôte désirable, et que ce n’est pas par hasard que tu es venu chez nous. Je t’aime parce que, pendant que tu regardes, tes yeux aiment et parlent de ton cœur. Et quand ils parlent, alors je sais tout de suite ce que tu penses. C’est pourquoi je veux donner ma vie pour ton amour, ma liberté. Il me serait doux d’être l’esclave de celui que mon cœur a trouvé… Ma vie n’est pas à moi, elle appartient à un autre, et ma liberté est entravée ! Mais accepte une sœur, sois mon frère, prends-moi dans ton cœur, quand de nouveau l’angoisse tombera sur moi ; fais toi-même que je n’aie pas honte de venir chez toi et de rester assise avec toi une longue nuit. M’as-tu entendue ? M’as-tu ouvert ton cœur ? Ta raison a-t-elle compris ce que je t’ai dit ?…