À mi-chemin entre Santa Barbara et Los Angeles, Ventura est une station touristique au charme désuet. Apple n’aurait pu trouver une localité plus appropriée pour baptiser la dix-neuvième version de son système d’exploitation : macOS Ventura semble aussi coincée et gênée que cette ville encaissée au fond d’une vallée. La convergence avec l’iPad a relancé le développement d’une plateforme qui était passée au second plan, mais sacrifie quelques-unes des spécificités qui ont fait la réputation du Mac.
La disparition des Préférences Système, présente depuis la toute première version de macOS, concentre les pires travers de cette approche. Les centaines de paramètres du système ont été casés au chaussepied dans la nouvelle application Réglages Système, fortement inspirée de l’application Réglages d’iPadOS, qui abandonne les sections et les onglets au profit de listes interminables. Les options semblent avoir été réparties au petit bonheur la chance, les boutons et les listes ne sont pas loin d’être invisibles, et certaines fonctions sont cachées dans des fenêtres modales.
À l’inverse, Stage Manager représente le meilleur de cette grande réflexion sur les principes de l’informatique personnelle. Apporte-t-il la logique de l’iPad à la gestion des fenêtres sur macOS, ou bien la logique du Mac à la gestion des fenêtres sur iPadOS ? Qu’importe ! Cette sorte de Mission Control permanent offre une nouvelle manière de travailler, moins rigide que le plein écran et moins chaotique que les fenêtres volantes, sans renier ni l’une ni l’autre. C’est une proposition intrigante, qui pourrait bien résoudre les frustrations de certains utilisateurs, sans pour autant s’imposer aux autres.
Apple continue son grand travail de rapprochement, pour le meilleur comme pour le pire. Siri et Spotlight adoptent la même interface que sur iPadOS, mais perdent quelques fonctions au passage, comme les interactions avec le Finder. L’iPhone peut maintenant être utilisé comme une webcam, ce qui ne fait que rappeler à quel point le capteur intégré est médiocre. Mais ne boudons pas notre plaisir : la possibilité de partager sa photothèque, l’amélioration continue des applications Notes et Rappels, l’arrivée des applications Météo et Horloge, ou encore la refonte de l’application Maison, sont fort bienvenues.
Reste que les ingénieurs de la firme de Cupertino semblent tiraillés en tous sens. Comment pourraient-ils continuer à pousser le raffinement de l’interface de macOS au plus haut degré, quand ils doivent aussi soutenir l’iPhone et muscler l’iPad, défricher le terrain de l’informatique vestimentaire et inventer le futur de la réalité augmentée ? La puissance des puces Apple Silicon magnifie la moindre imperfection du logiciel, et la folle cadence annuelle empêche d’apporter les corrections nécessaires.
Voilà pourquoi ce guide n’a jamais été aussi important : les règles séculaires de conception des interfaces sont de moins en moins respectées, les fonctions sont de plus en plus cachées, les réglages sont de plus en plus complexes. Il faut s’armer d’une carte pour explorer le territoire de macOS, qui n’a jamais été autant semé d’embuches, mais qui n’a jamais autant recelé de surprises. J’espère que cette sixième édition entièrement consacrée à macOS Ventura saura vous guider.
Bonne lecture !
