Apprendre, qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela suppose ? Par quelles voies est-ce que cela passe ? À ces questions l’école contemporaine apporte une réponse catégorique : l’école traditionnelle s’est trompée, elle a voulu transmettre des connaissances détenues par un maître en les inculquant à des élèves passifs. Cette pédagogie de l’imposition ne marche pas. Il faut lui substituer une pédagogie active faisant de l’enfant l’acteur de la construction de ses savoirs. Nous sommes au moment où cette réponse se révèle aussi fausse, dans sa demivérité, que la philosophie antérieure. Il en résulte que l’école d’aujourd’hui est plongée dans une incertitude complète sur la nature de l’opération qu’il lui revient d’effectuer. Tout est à reprendre, à commencer par l’opposition supposée entre activité de l’élève et transmission du savoir.
C’est ce problème fondamental que ce livre s’efforce d’éclairer. Il dégage les origines de ce nouveau modèle pédagogique. Il en montre les limites. Il ne prétend pas apporter des solutions toutes faites. Il en appelle à une réflexion sur cette expérience primordiale dont les adultes refoulent le souvenir : la difficulté d’apprendre, qui ne se sépare pas de la nécessité d’une transmission.