La maturation temporelle se poursuit jusqu'au moment où l'esprit se dégage du corps vivant et du corps social, double matière à travers laquelle il a pris conscience de soi dans le cosmos. Alors, il laisse pour ainsi dire procéder hors de lui le corps vivant et le personnage, ces deux enveloppes, sur lesquelles il avait pu marquer son caractère, mais qu'il n'était pas : c'est ce que nous nommons la mort. Ce passage à quelque autre mode d'existence, qui n'est pas concevable pour nous, doit correspondre, dans la conscience, à un sentiment de présence absolue à soi-même. Lorsque, dans le même moment, l'être biologique et l'être social échappent à la personne spirituelle, celle-ci s'éternise. À l'inverse de ce qui se passait dans la contamination, le courant d'éternité qui était impuissant dans la vie temporelle, doit absorber la succession. Enfin, la dissociation s'opère. C'est alors que le temps disparaît ou plutôt qu'il s'accomplit.