Si de nombreux universitaires et politologues ont souhaité la réunion en un seul volume des articles et des interventions de Jean Daniel sur le populisme xénophobe dans sa forme lepéniste, c'est parce que l'un des premiers il eut l'intuition anticipatrice de ce qui se déroule aujourd'hui en France et dans tous les pays européens. À savoir l'émergence d'un phénomène de rejet irréductible au racisme exterminateur des nazis, ou à l'hostilité traditionnelle de l'extrême droite française aux étrangers. Il s'agit d'une réaction instinctive à ce qui apparaît comme une menace pour l'identité nationale. En fidèle disciple de Lévi-Strauss, Jean Daniel estime que toute irruption massive et homogène d'une population dans une société provoque des allergies d'auto-défense et des crispations de protection. Le lepénisme est dangereux, non pas tant parce qu'il exprime une barbarie ancienne, que parce qu'il exploite et exaspère les craintes d'une population qui se croit agressés. Jean Daniel avec une obstination inlassable demande que l'on ne se trompe pas dans le choix des armes pour combattre cette forme d'extrémisme qu'il faut d'abord comprendre. Il démontre qu'il faut tenir compte du fleuve des allergies normales pour en détourner le courant. Si nos société sont condamnées au multiculturalisme, elles doivent se préparer à le rendre conciliable avec l'attachement à une identité française qu'il convient de re-définir et ré-enraciner avec force. Né à Blida en 1920, Jean Daniel crée la revue Caliban en 1947 et devient l'ami d’Albert Camus. Couvrant la guerre d’Algérie pour L’Express, il est grièvement blessé à Bizerte en juillet 1961. Co-fondateur du Nouvel Observateur en 1964, il en a été le directeur de la rédaction pendant plus de quarante ans et en est resté l’éditorialiste. Jean Daniel a écrit plus de vingt livres parmi lesquels Le temps qui reste, La Blessure, Les Miens.