Il est peu de premier livre dont, si vite, je me sois senti aussi proche. Je comprends mal ordinairement l’angoisse des villes et des brumes froides. L’angoisse de Bruxelles, il me semble, c’est d’avoir envie de fuir Bruxelles. Au contraire, pour l’angoisse en plein soleil qui fait le sujet de L’Erreur, je la comprends mieux, car il n’y a pas de fuite possible ; elle n’est pas nostalgie, mais impossibilité. Si l’âme défaille à Gênes, à midi, elle veut en même temps demeurer sous ce ciel. Dès lors c’est l’affrontement, sans complaisance. Le sujet de L’Erreur est justement cet affrontement et comment un homme, né pour vivre, peut trouver au-delà d’une certaine mort une deuxième vie. Il n’est pas, à mon sens, de sujet plus grand. La langue fière et droite, à peine distante, de Daniel, ajoute encore au beau secret de ce livre, qui n’est pas de ceux qu’on choisit mais plutôt de ceux, rares, qui choisissent leurs lecteurs.