Une « bonne mort », un deuil serein, cela existe, mais la recherche en parle bien peu[1]. En fait, ce sont les trajectoires difficiles et les embuches sous-jacentes qui font surtout l’objet des études, avec raison d’ailleurs puisque l’objectif relève souvent de la volonté d’offrir aux personnes endeuillées un accompagnement qui réponde à leurs besoins. C’est autour des enjeux liés à la confrontation à la mort et au deuil que le présent numéro de Frontières se construit, selon des approches qui mettent à contribution plusieurs champs disciplinaires, notamment la psychologie, la sociologie, l’anthropologie culturelle, les études sur les médias et le cinéma. Les articles ont été sélectionnés parmi ceux reçus par la rédaction afin d’explorer quelques-unes des trajectoires du mourir qui peuvent rendre un deuil plus lourd à porter : quand la mort frappe autour de soi lorsqu’on est encore un enfant ou alors qu’on se sent déraciné de son pays natal, ou lorsqu’elle survient par suicide. Le choix que fait une personne de demander l’assistance médicale à mourir peut aussi, dans certains cas, susciter des problématiques encore mal connues, les lois sur l’aide médicale à mourir étant relativement récentes. Pour aborder les trajectoires et les embuches présentées, certains des textes intègrent à la discussion des considérations sur l’influence des films, des séries télévisées et des réseaux sociaux en ligne. En clôture du numéro, deux articles décrivent des façons de rendre plus humaine et plus digne la confrontation à la mort dans le contexte hospitalier. L’un d’eux nous rappelle qu’il est possible, et même bénéfique, de continuer de rire et de chanter même lorsque l’échéance connue et annoncée est la mort; l’autre insiste sur le respect de la dépouille après que la mort ait fait son oeuvre.