Peut-on cerner la vie que nous vivons, l’ici et le maintenant d’une vie, à vif sans qu’elle soit obscurcie par le concept comme l’a fait la science de Galilée à nos jours ? Peut-on penser la vie sans risquer de la perdre ? Michel Blay tente ici de montrer, faisant référence à la parole évangélique de Jean – en deçà de la tradition théologique dogmatique qui la dévoie –, à la mystique (Nicolas de Cues), à l’architecture de Suger qui tente de magnifier la lumière dans la construction des cathédrales, comment la vie peut s’exprimer sans la médiation du concept qui la prive de sa « vitalité ». Ne nous désolons pas, n’espérons pas une autre vie, la vie est là, dans toute sa prégnance, et il suffit de se laisser envahir pour battre avec elle à l’unisson. C’est sans doute en se mettant à l’écoute des poètes que nous pouvons entendre cette vie que nous vivons, toute puissante, jaillissante, charnelle, et ainsi sentir à nouveau en soi son épiphanie : « Prendre chair de l’oiseau, pour savoir le bonheur […] Trouver toujours le monde entre son cri de peur et son ravissement. »