L’"Éthique à Nicomaque", composé de dix livres, est l’un des principaux ouvrages exposant la philosophie morale d’Aristote, laquelle demeure en substance la plus significative expression de la morale grecque. Nicomaque, fils d’Aristote, lui donne son nom en tant que premier éditeur des manuscrits. Critiquant la conception platonicienne des Idées, qui préconise le «bien en soi», Aristote traite ici de ce qui doit selon lui guider l’homme dans toutes ses actions, à savoir le bonheur, sens ultime de la vie humaine. Le bonheur, dit-il, est l’exercice de cette activité propre à l’homme qu’est l’usage du «logos» (la raison, l’intelligence), mais sans toutefois exclure la jouissance des plaisirs sensibles. Sur cette base, il développe une théorie des vertus humaines qu’il divise en vertus dianoétiques, relevant de la partie intellectuelle de l’âme, et vertus éthiques, relevant plus du caractère et des sentiments. La vertu aristotélicienne, caractérisée par un juste milieu entre les passions et facultés opposées de l’âme, concilie ainsi tout à la fois des exigences spiritualistes et eudémonistes. Le livre III est consacré à définir ce qu’il y a de volontaire et d’involontaire dans l’action de l’homme, rejetant la thèse selon laquelle «personne n’est volontairement mauvais» et concluant que la vertu comme le vice résident en notre seul pouvoir. Le livre VII traite de l’intempérance et du plaisir, les livres VIII et IX de l’amitié et de l’amour, désignés sous le même nom. Le livre X reprend enfin le problème du rapport entre le plaisir et la vertu, et conclut que le plaisir procède d’une perfection de l’acte, survenant «comme la beauté pour qui est dans la fleur de l’âge». L’"Éthique à Nicomaque" est une continuelle oscillation entre l’eudémonisme humaniste et l’intellectualisme éthique.