Philippe le Bel (1268-1314) a été une énigme pour ses contemporains comme pour les historiens. Car l'homme reste caché derrière l'œuvre du règne, une œuvre propre à enflammer les imaginations romantiques à la lueur crépusculaire du bûcher des Templiers, des sinistres drames familiaux de ses trois fils, de la lutte sans merci contre un pape mégalomane, Boniface VIII. " Roi de fer " pour les uns, édifiant de façon impitoyable un Etat bureaucratique moderne sur les ruines de la monarchie féodale ; roi de chair pour les autres, dissimulant derrière son masque de sphinx et son impassibilité de statue un esprit faible et indécis, dominé par ses légistes, Flote, Nogaret, Marigny : il semble à jamais indéchiffrable.
La réputation de Philippe le Bel a été ternie par la constante comparaison avec la figure idéalisée de son grand-père Saint Louis, dont le règne a fait figure d'âge d'or avec le recul. C'est que vers 1300 commence un véritable âge de fer : c'est la fin du " beau Moyen Âge " et l'entrée dans un siècle de catastrophes, avec les premières famines, les prémices de la guerre de Cent Ans, et bientôt les épidémies.
Conjuguant réformes intérieures ambitieuses et accroissement du domaine royal, le monarque sut répondre à ces défis et poser les jalons d'une monarchie forte et centralisée.